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Depuis que le Maroc a fermé ses frontières face à la pandémie de Covid-19, la « ville ocre » tourne au ralenti, au grand dam des hôteliers, restaurateurs, guides, artisans…

La place Jeema-El-Fna, à Marrakech (Maroc), le 8 septembre. D’habitude saturée de touristes, elle est aujourd’hui déserte.

Derrière les remparts du Vieux Marrakech, les conteurs ne livrent plus que le récit tragique d’une ville éteinte. « C’est comme si un bout de son âme lui avait été arraché, décrit l’un d’eux. Comme si la carte postale était déchirée. » L’homme marche sur la grande esplanade, tête baissée, marmonnant tantôt des plaintes, tantôt des prières. Il se languit de son public. De ces trois millions de touristes qui visitent chaque année la « ville ocre » et sa mythique place Jemaa-El-Fna, classée par l’Unesco, sa palmeraie, ses hôtels d’époque, ses jardins…

Depuis que le Maroc a fermé ses frontières, à la mi-mars, « jusqu’à nouvel ordre », la capitale touristique a des airs de ville morteet les habitants se souviennent avec nostalgie du temps où ils ne pouvaient pas se garer près de la vibrante médina et de ses marchés grouillants. Aujourd’hui, on ne sent plus les parfums d’épices et de viande mijotée. Les gargotes ont fermé, les calèches tournent à vide, les charmeurs de serpents et autres dompteurs de singes sont sans emploi.

« Et nous, on meurt », résume Ahmed, vendeur de babouches dans une ruelle ombragée jalonnée de rideaux baissés : « Les affaires allaient très bien l’an dernier, c’est un déchirement aujourd’hui. » L’année 2019 avait en effet marqué une année record pour le tourisme marocain, avec 13 millions de visiteurs, principalement à Marrakech et à Agadir. « Maintenant, on pourrait vendre à perte, supplier les gens de nous acheter la marchandise, ça ne servirait à rien puisqu’il n’y a personne »

« La situation est catastrophique »

L’impact de la crise s’annonce particulièrement lourd. Le Maroc devrait perdre au moins dix millions de touristes, selon les estimations officielles. Un coup dur pour ce secteur induisant plus de deux millions d’emplois indirects, notamment à Marrakech, qui en tire l’essentiel de ses revenus. Outre les salariés de l’hôtellerie et de la restauration, le tourisme fait vivre les fournisseurs, guides, artisans, taxis, conducteurs de calèche et des milliers de travailleurs informels.

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